Lou Bertignac

Intellectuellement précoce

Lou Bertignac est une narratrice exceptionnelle en raison de son intelligence.

• Une surdouée : Elle a un QI de 160 et a deux ans d'avance à l'école, ce qui la place en seconde à seulement 13 ans. Ses camarades la surnomment « le cerveau » [P11, P29], en référence à ses résultats brillants : « dix-huit de moyenne » [P33].
• Narratrice idéale : Sa maturité intellectuelle permet à Delphine de Vigan d'utiliser un langage riche et analytique, tout en conservant l'innocence d'une adolescente.
• Une soif de connaissances : Lou adore les dictionnaires, les encyclopédies et les expériences scientifiques absurdes, comme comparer différents pains ou papiers toilette.
  • Ses loisirs, à la fois comiques et solitaires, soulignent sa différence par rapport aux autres.

Timide et asociale

Lou est timide et socialement isolée au début du roman.

Elle a une peur viscérale de s'exprimer en public : « J'ai peur de prendre la parole devant toute la classe » [P11]. À l'école, elle reste souvent seule, s'isolant dans un coin de la cour :

• Elle observe les autres élèves depuis son banc solitaire sous un arbre [P34].
• Elle se sent inférieure et invisible parmi les élèves plus âgés : « Je suis une toute petite chose » [P35]. Lou rêve de s'intégrer et envie les filles de sa classe comme Axelle et Léa : « Ce serait plus facile si j'étais comme elles » [P126].

Son isolement la rend prête à se rapprocher de No, une autre marginalisée.

Exclue mais observatrice

Lou se décrit comme en dehors du monde : « Depuis toute la vie je me suis toujours sentie en dehors » [P19].

• Une observatrice solitaire : Elle aime aller à la gare d'Austerlitz après l'école pour regarder les gens et leurs émotions : « Je regarde les trains partir, je regarde les gens... l'émotion des gens » [P15].
  • Cette fascination pour les autres contraste avec son manque d'interaction et d'affection à la maison.
• Les filles populaires : Axelle et Léa symbolisent tout ce que Lou n'est pas. Leur vie insouciante « rigoler, s'envoyer des SMS, aller chez H&M » [P34] met en lumière la solitude de Lou. Cet aspect de sa personnalité fait d'elle une narratrice sensible, capable de voir ce que les autres ignorent, notamment le sort des sans-abris.

Naïve et idéaliste

Lou est jeune et naïve, ce qui la rend attachante.

• Elle croit qu'on pourrait facilement changer le monde : « On pourrait tous héberger un sans-abri » [P82].

• Elle ne comprend pas les dures réalités, comme le comportement de No vers la fin du livre, lorsqu'elle se prostitue. Son naïveté est souvent comique :

• Elle se pose des questions enfantines : « Quand on embrasse, dans quel sens faut-il tourner la langue ? » [P79].

• Ses réflexions absurdes apportent une légèreté bienvenue au récit, par exemple quand elle décrit son malaise avec humour : « Panique à Disneyland, alerte rouge » [P79]. Cependant, sa naïveté est aussi la source de sa douleur lorsqu'elle prend conscience des injustices du monde.

Un sens aigu de la justice

Lou est révoltée par l'injustice, ce qui pousse ses actions tout au long du roman.

• Elle critique une société capable d'« envoyer des fusées dans l'espace » mais qui laisse des gens mourir dans la rue [P82].
• Sa réaction face aux humiliations : Lorsque Monsieur Marin se moque d'Axelle Vernoux à cause de sa coiffure, Lou prend sa défense avec courage : « Moi, je n'aime pas qu'on humilie les gens, comme ça, gratuitement » [P127]. Ce sens de la justice l'incite à aider No, même si elle doit mentir à ses parents ou prendre des risques. Elle est déterminée à aller « jusqu'au bout » [P188], même lorsque les autres tentent de la dissuader.

Utopiste

Monsieur Marin décrit Lou comme une utopiste et, malgré son réalisme brutal, il lui dit à la fin : « Ne renoncez pas » [P249].

• Une croyance sincère : Lou pense que chaque individu peut faire une différence : « On pourrait tous faire un petit geste ».
• Le contraste avec la réalité : Son père, plus pragmatique, lui rappelle que « les choses sont plus compliquées qu'il n'y paraît » [P82].
• Des actes concrets : Lou va au-delà des mots : elle aide No en l'hébergeant chez Lucas, ment à ses parents et, finalement, fugue avec elle. Cependant, au fil du roman, Lou commence à voir les limites de son idéalisme : « La réalité a toujours le dernier mot » [P191].

Jalouse

Des moments de jalousie révèlent la vulnérabilité de Lou et son besoin d'attention :

• Sa mère et No : Lou est piquée lorsque sa mère traite No avec respect, un traitement qu'elle n'a pas l'habitude de recevoir : « J'avoue que ça me pique à l'intérieur » [P150].
• Lucas et les filles populaires : Elle est jalouse lorsque Lucas s'amuse avec Axelle et Léa à une fête. Elle boude mais admet : « Il ne faut pas que ça dure trop longtemps, juste histoire de marquer le coup » [P208]. Ces épisodes montrent que, malgré son intelligence, Lou reste une adolescente fragile.

Évolution et rébellion

Lou évolue au cours du roman.

• Une transformation progressive :
  • D'une fille timide et docile, elle devient plus affirmée.
  • Elle défie Monsieur Marin, ment à ses parents et courageusement aide No malgré les risques.
• Manipulatrice ? :
  • Elle utilise son comportement pour provoquer une réaction de sa mère : « Ça marche à tous les coups » [P209]. Ces changements illustrent son passage à l'âge adulte, où elle apprend à s'imposer tout en restant fidèle à ses valeurs.